Cet article présente les enseignements tirés de l'expérience de Médecins Sans Frontières (MSF) concernant l'adaptation de sa formation à la prise en charge des violences sexuelles pour le personnel et les missions au Moyen Orient et en Afrique du Nord (région MENA) en 2019.
La guerre en Ukraine catalyse la résurgence de propos xénophobes que l'on pensait oubliés, spécialement quand ils se cachent derrière une solidarité sélective. Deux spécialistes de Médecins Sans Frontières scrutent les mécanismes de différenciation qui ont cours en matière d'octroi du droit d'asile.
«Couloir humanitaire». En quelques jours à peine, ces deux mots se sont imposés dans les prises de parole publiques au sujet de l’Ukraine, évoquant l’illusion d’une solution idéale aux souffrances des populations prises au piège dans les villes encerclées par les forces russes.
En 2020, la pandémie de Covid-19 a révélé au grand public certains des nombreux défis liés à l’action humanitaire : soudain, les taux de mortalité, les pénuries de matériel et la nécessité de faire des choix difficiles avec des ressources limitées ont fait la une des journaux et se sont retrouvés au coeur de toutes les discussions. Les analyses ont moins porté, en revanche, sur les conséquences de ces décisions sur les témoins de leur impact direct, qu’ils soient travailleurs humanitaires ou professionnels de santé.
En l'absence d'un cadre normatif, la notion de corridor humanitaire ne dispose pas d'une définition cohérente et est très exposé à l'interprétation politique. Ce concept a connu plusieurs glissements sémantiques, passant de la référence à un droit de passage dans les situations de conflit armé, à un appel à un accès facilité face aux fermetures de frontières ou aux contraintes bureaucratiques.
Dans ce numéro, tant la section spéciale sur la politique des maladies infectieuses que les autres contributions mettent en lumière et reviennent sur des préoccupations qui ont longtemps pesé sur l'action humanitaire. Par exemple, toutes les contributions donnent un aperçu de la nécessité de comprendre le contexte politique dans lequel l'humanitaire opère, que ce soit pour fournir des soins médicaux, pour empêcher que l'aide soit cooptée ou pour garantir la dignité des bénéficiaires de l'aide utilisés par les agences dans leurs collectes de fonds et leurs communications.
Dresser le bilan de cinquante années d’action humanitaire de Médecins Sans Frontières tout en faisant l’inventaire des défis à venir est un exercice délicat. Avec des activités dans plus de 80 pays grâce à des financements privés approchant les 2 milliards d’euros, l’envergure actuelle de l’organisation est loin de la modeste initiative qui suivit le carnage des années 1960 au Biafra.
Les organisations non gouvernementales succomberaient-elles aussi à la politique du « deux poids, deux mesures » ? Revenant sur les prises de position des acteurs humanitaires sur la question migratoire en Europe, l’auteure décortique les exigences, intentions et dilemmes qui peuvent les animer.
Dans le domaine de l’assistance internationale, les visites non sollicitées de chercheurs, qu’ils soient envoyés par le siège de l’organisation ou par d’autres structures, génèrent depuis longtemps des perceptions opposées.
S’appuyant sur l’exemple de Médecins Sans Frontières (MSF), Françoise Duroch et Emmanuel Noyer reviennent sur les mesures prises par l’organisation non gouvernementale (ONG) pour lutter contre les violences sexuelles. Les auteurs montrent le relativisme moral qui traverse les organisations humanitaires soucieuses de préserver leur image publique. Certes elles sont de plus en plus conscientes de leur obligation de veiller aux comportements de leurs salariés, mais les dispositifs doivent s’attaquer aux inégalités, notamment de genre.